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Formé à Caen, puis passé par Sochaux, Laval, ou encore Tours avant de rejoindre le FC Lorient, Sigamary Diarra est aujourd'hui responsable du recrutement de la formation du côté de Valenciennes. Joueur essentiel du schéma de Gourcuff en 2010, il a notamment contribué à la septième place du club lors de cette saison mémorable. Il a accepté de répondre à nos questions lors d'un court entretien.
Lorient Foot : Salut Sigamary, tout d'abord merci d'avoir accepté notre invitation. Pour commencer, parles nous de ton quotidien à Valenciennes et de ton métier de responsable du recrutement de la formation. Est-ce toujours d'actualité ?
Sigamary Diarra : Oui, c'est toujours d'actualité. Je suis responsable du recrutement des U16 jusqu'à la N3. J'ai également un rôle de recruteur sur les pros. J'ai un rôle de recruteur sur tout le club finalement.
LF : On connaît le jeune Ismaël Doukouré (parti à Strasbourg) qui est passé par votre centre, est-ce que c'est un talent que tu as déniché ?
SD : C'est un joueur que j'ai côtoyé, mais je rentrais tout juste dans la cellule de recrutement lorsqu'il a rejoint les professionnels. Cependant, tous les joueurs qui sont arrivés après, je les ai eu au centre de formation. Je fais également beaucoup de lien entre la formation et les professionnels.
LF : Est-ce qu'il y a un nom qui sort peut-être du lot actuellement, chez les jeunes ?
SD : Ça fait seulement 3 ans que je suis arrivé, donc les meilleurs éléments sont toujours au centre. On en a plusieurs qui sont en équipe de France. J'ai un impact sur la capacité à envoyer les jeunes chez les professionnels. Le président m'accorde sa confiance car j'ai une connaissance des exigences du haut niveau.
LF : C'est un métier qu'on imagine exigent, qui demande énormément de temps et de sacrifices....
SD : Ça prend du temps, il faut aimer regarder les matchs, il faut travailler son oeil. Il faut regarder énormément de matchs afin d'avoir des éléments de comparaison. Il faut aussi se projeter.. Il y a deux choses différentes entre les jeunes et les professionnels que j'analyse en 4P. Pour moi, à la formation, l'essentiel est de se concentrer sur le potentiel du joueur, et la projection. Chez les professionnels, on est plus dans la performance et la plus-value. D'où les 4P, que j'analyse souvent en deux fois deux P. Ce n'est pas un métier différent, mais c'est une manière totalement différente d'appréhender les choses. Chez les jeunes, on regarde davantage le potentiel et la capacité à s'intégrer du joueur, tandis que chez les professionnels, on est plus sur la performance car il faut que le joueur soit au top à l'instant T, et sur la plus-value car on est Valenciennes, et on sait que des clubs plus huppés, voire européens, sont voués à venir chercher nos meilleurs éléments.
LF : Tu as connu cette période de grâce avec cette fameuse septième place obtenue à la suite d'une belle saison (2009/2010), avec des joueurs comme Gameiro, Vahirua, ou Amalfitano. Des joueurs de qualité, un système qui fonctionne, bien mené par un entraîneur qui prône le beau jeu, Christian Gourcuff. Quels sont les ingrédients nécessaires pour réaliser une telle saison ?
SD : Il faut d'abord des joueurs de qualité. Il faut un groupe solidaire, et je pense qu'on avait la chance d'en avoir un. Et puis, il faut surtout un meneur d'hommes, quelqu'un qui dirige son groupe à la perfection et je pense que cette personne, c'était Christian Gourcuff. Tactiquement et techniquement, c'était huilé. Sur les récupérations de balles, c'était impressionnant. Aujourd'hui, je n'ai pas peur de dire que c'est le meilleur entraîneur que j'ai eu lors de ma carrière, et ces années à Lorient font également partie des meilleures années de celle-ci. Au-delà de ça, j'ai atterri dans un club familial, dans lequel je pouvais m'épanouir et puis on a réalisé le meilleur classement du club. Ce sont des souvenirs qui resteront à jamais gravés. C'est souvent dans des clubs "familles" que j'arrive à exploiter le meilleur de moi-même, c'est ce que je retrouve également à Valenciennes aujourd'hui d'ailleurs. A Lorient, l'ambiance était saine. Les objectifs, au départ, n'étaient pas d'être dans les sept premiers. On voulait vite accrocher le maintien, et puis on prenait match après match et on se rendait compte qu'on pouvait faire mieux.
LF : C'est exactement ce qu'on ressentait de l'autre côté du rideau, à cette époque. On sentait un groupe très solidaire, bien emmené par Gourcuff. Est-ce qu'aujourd'hui, tu suis toujours le FC Lorient ?
SD : Oui, je suis toujours Lorient. J'ai toujours des contacts avec Benjamin Genton et Arnaud Le Lan, avec lesquels on échange au niveau de la formation. J'ai aussi des contacts avec Laurent Koscielny, Arnold Mvuemba, ou encore Romao. Ce sont des joueurs avec lesquels on a eu une histoire commune et avec lesquels ça fait toujours plaisir d'échanger. Peu importe l'équipe qui venait, on essayait de faire trembler l'adversaire et ce contexte crée de vrais souvenirs. Pour moi, comme pour ceux qui ont suivi le club, ce sont des années qui resteront inoubliables.
LF : Finalement, on a l'impression qu'il y a de nombreuses similitudes entre le Lorient de Gourcuff et celui de Régis Le Bris sur ce début de saison. Est-ce que tu es de cet avis ?
SD : Sur ce début de saison, ce que j'aime, c'est que j'arrive à retrouver ce qui s'était perdu pendant un moment. On voit une vraie identité de jeu, des joueurs qui se mettent au service du collectif, à 100% tout au long des matchs. On voit que les remplaçants apportent également. C'est une équipe qui, si elle croit en elle, peut aller très loin. Les records sont fait pour être battu mais il ne faut pas se focaliser là-dessus. Il faut se dire que tous les points qui sont pris servent à acquérir le maintien, et pour le reste, on verra plus tard. En tout cas, on reconnaît l'esprit FC Lorient, et c'est plaisant.
LF : Le coach insiste énormément sur le fait de prendre match après match....
SD : Il a raison, l'erreur, c'est de s'enflammer. Il faut prendre match après match. Lors de notre saison record (7ème de Ligue 1, 58 points, 2010), on ne s'est jamais enflammé. L'essentiel est d'avancer et de ne pas faire de plans sur la comète, comme on dit.
LF : On arrive à la question fatidique, je vais te demander de te mouiller. A quelle place vois-tu Lorient en fin de saison ?
SD : J'espère dans les dix premiers. Je pense qu'ils ont les capacités et le groupe pour y arriver. Après, le football n'admet pas de logique et tout peut aller très vite, mais j'espère qu'ils réussiront à finir dans les dix premiers. Je leur souhaite.
LF : On finit avec une dernière question sur ton expérience à Lorient. Est-ce qu'il y a un joueur qui t'a marqué lors de ton passage à Lorient ?
SD : Je ne peux pas dire qu'il y ait un joueur qui m'ait marqué, car j'ai joué avec énormément de joueurs de talents, comme Koscielny, Mvuemba, Amalfitano ou Jouffre. S'il y a bien une personne qui m'a impressionné, c'est Christian Gourcuff. C'est l'entraîneur qui arrivait le mieux à imposer son jeu et à déstabiliser l'adversaire en trouvant ses failles.
LF : Merci Sigamary d'avoir répondu à nos questions. Ce fut un honneur de te recevoir.
SD : C'était avec plaisir. Je vais suivre Lorient d'encore plus près après cet entretien !
Rédaction Lorient Foot.
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