Souvent moqué suite à une saison difficile en 2020, Toulouse a depuis bien évolué. Olivier Sadran est parti, et le capital RedBird s'est installé dans la ville rose. Aujourd'hui, Damien Comolli est à la tête d'un club qui se veut moderne, notamment par le biais des fameuses "datas". Plusieurs problématiques en découlent : est-ce viable sur le long terme ? Peut-on uniquement penser le football à l'aide de statistiques ? Est-ce le début d'une nouvelle ère en matière de recrutement ? Réponses ci-dessous.
Dans un milieu où l'argent ne cesse de gagner du terrain, les datas deviennent un allié primordial des recruteurs pour éviter l'erreur de casting. Damien Comolli justifie l'utilisation des datas afin de connaître un maximum de paramètres sur les joueurs ciblés, afin de minimiser les aléas liés au sport. Il y a une logique de contrôle dans cette nouvelle technologie. En clair, on veut des données tactiques, techniques, physiologiques sur le joueur en question. Le but est souvent d'aller chercher une pépite à moindre coût, ce qui est de plus en plus difficile à mettre en oeuvre dans les 5 grands championnats, du fait de l'inflation du marché du transfert. Gautier Stangret affirme pour La Dépêche que "la data doit être utilisée pour soutenir ce qui existe déjà au club, et pas l'inverse". En effet, les chiffres ne représentent en aucun cas une vérité absolue, et il est nécessaire de s'en détacher suffisamment pour obtenir un résultat. Certains clubs comme Fulham n'hésite pas à accorder une grande part de confiance à ces données, en investissant notamment plus de 30 millions sur Zambo Anguissa (Olympique de Marseille) à l'été 2018.
Il faut savoir que les Merlus sont également friands de data, comme la majorité des clubs en 2022. A Lorient, c'est François Tonnerre qui s'en occupe. Il offre un rapport à Baptiste Drouet sur chaque joueur dont les détails sont nécessaires. Il se focalise davantage sur les championnats étrangers, en raison des déplacements plus difficiles (entretien "Dans les coulisses du métier de recruteur"). Par ailleurs, on peut penser que les recrutements de Jenz ou d'Igor Silva vont en ce sens.
Qui dit data dit également base de données. Damien Comolli ne s'en cache pas, celle de "Football Manager" lui semble très complète, et présente l'avantage d'être peu prisée des autres écuries. Cela donne naissance à des pistes plus exotiques les unes que les autres (Onaiwu, Ratao, Van den Boomen,...) et à des joueurs qui ne connaissent pas forcément l'exigence des championnats européens. Un temps d'adaptation est souvent nécessaire, on ne peut pas lancer des jeunes joueurs à fort potentiel sans les conséquences qui vont avec. Toulouse a eu besoin de deux saisons pour retrouver l'élite, et a changé pas moins de 9 joueurs sur les 11 de l'effectif qui est descendu, si l'on s'en tient à la composition toulousaine face à Troyes. Cette période d'adaptation, cette barrière de la langue, c'est peut-être ce qui a manqué aux recrues lorientaises pour s'imposer en Ligue 1.
En Angleterre, les datas sont déjà bien implantées. Brentford en a fait usage pour monter en Premier League, et là encore, il aura fallu deux ans. Cette nouvelle stratégie de recrutement semble porter ses fruits.
Sommes-nous en train d'entrer dans une nouvelle ère en matière de recrutement ? A l'heure actuelle, la réponse tend vers un "oui". La data apporte un plus sur plusieurs plans essentiels du jeu. Elle permet de recruter un profil devant un nom, et d'obtenir une incertitude plus faible, même si elle subsiste. S'il y avait bien une limite à donner à ces datas, ce serait l'absence de prise en compte du caractère émotionnel du joueur. Un facteur non négligeable qui a une importance au moins équivalente au niveau technique du joueur.
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